Avoir 100 ans avant 1900 (Centenaires #2)
Après ces quelques recherches sur Marguerite, je pars à la recherche de données concernant les centenaires avant 1900.
Mais, à l’heure où l’Insee publie « 21 000 centenaires en 2016 en France, 270 000 en 2070 ?« , je m’aperçois bien vite que les données historiques sont rares voire inexistantes (surtout avant la Révolution Française).
De 1851 à 1896 : Un comptage à partir des recensements de la population
Un dénombrement des centenaires peut être déterminé dès le recensement de 1851, à partir de travaux menés dans les années 1980 par une équipe de chercheurs franco-américains. Les résultats sont désormais disponibles sur le site de l’Insee.
J’ai repris les travaux présents sur leur site et voici les chiffres relevés :
Année du recensement | Nombre de centenaires |
---|---|
1851 | 282 |
1856 | 183 |
1861 | 256 |
1866 | 127 |
1871 | 190 |
1876 | 194 |
1881 | 273 |
1886 | 184 |
1891 | 213 |
1896 | 176 |
Je m’attendais à un effectif en constante augmentation, et finalement non ! Le nombre de centenaires fluctue entre 100 et 300 individus !
Avant le recensement de la population : rien ! … enfin si : les registres paroissiaux !
L’étude la population française avant 1851 reste pendant longtemps un domaine inexploré laissant de larges lacunes et des ouvrages aux données très généralistes. Il faut attendre les années 1950 pour voir émerger une nouvelle pratique méthodologique pour le démographe historique : la consultation des registres paroissiaux. (Et oui, nous ne sommes pas les seuls à les feuilleter…)
Les spécialistes seront alors confrontés à une source qui n’est pas à vocation statistique et conscients des limites imposées par les registres. Pour pallier cette contrainte, en 1956, l’INED publie un petit manuel sur l’utilisation des registres paroissiaux à des fins statistiques.
En 1952, dans la revue « Population », Louis Henry (un des pères de la démographie historique), écrit :
» […] de nombreux visiteurs manient ces archives poussiéreuses qui portent la marque de ce qui entrait en vie ou en sortait. Mais il s’agit bien rarement de statisticiens. Le plus souvent, ce sont des généalogistes qui suivent patiemment quelque lignée et construisent les arbres de quelque famille noble ou notable. Ni le démographe, ni le généticien ne trouvent pour le moment, dans leurs travaux, une matière utilisable, mais il s’en faut parfois de bien peu… Un simple relevé, en passant, de quelque caractéristique négligée eût donné – ici encore – un intéressant sous-produit.
Et d’un autre côté, nombreux sont les chercheurs bénévoles, les sociétés savant locales, qui travailleraient volontiers à l’histoire de leur commune, de leur canton, si quelque orientation leur était donnée sur la manière de se servir de cette masse souvent informe de documents originaux, qui reste ainsi en friche. »
Il publiera ses premiers résultats sur la population française dans les années 1970, toujours dans cette revue. Pour mes recherches, j’ai relevé deux tableaux sur la répartition de la population française par sexe et âge quinquennal, de 1740 à 1860.
Le nombre de centenaires étant infime, il ne figure pas parmi ces résultats. Dans son analyse, l’auteur précise que l’âge inscrit sur les actes de décès est souvent approximatif et observe une tendance à vieillir les défunts.
Finalement le dénombrement des centenaires avant 1900 semble être périlleux, et aucune source fiable ne me permet de répondre à ma question. C’est pourquoi je vais lancer très prochainement mon premier projet de généalogie participative pour recenser ces centenaires.
Plus de renseignements très prochainement (encore quelques détails à régler…)
@bientôt !
Bibliographie :
– Population, 1975, n°1, La population de la France de 1740 à 1860
– Population, 1953, n°2, Une richesse démographique en friche : les registres paroissiaux
– Wikipedia : Louis Henry
– Insee, Données historiques : de 1800 à 1925