Genèse d’une adoption ou comment adopter John Lachaussée Bujac & Cie

Genèse d’une adoption ou comment adopter John Lachaussée Bujac & Cie

Depuis juillet, je prends plaisir à étudier la généalogie de certains collègues, et plus particulièrement celle de FLD qui m’amène à sortir des sentiers battus. Cette famille est singulière sur chacune de ses branches. Parmi les ancêtres directs quatre Légions d’honneur, un membre de l’Académie de médecine, un des fondateurs de l’apéritif Byrrh, un Général, un député qui a voté pour la mort de Louis XVI… que d’ancêtres à adopter pour un passionné de généalogie.

Dans mes recherches, un couple parti pour les Etats-Unis me pose quelques soucis et la seule source en ligne identifiée est disponible sur Ancestry. N’étant pas abonné, je poste alors ce tweet :

Abonnée à ce site, @D_ORS_et_D_ARTS me répond. Ancestry ne reste pas muet et nous en apprenons rapidement un peu plus sur John Lachaussée BUJAC ou Jean Lachaussée BUJAC. Il a pour épouse Marie Anne Célestine ROBIN et de leur union naissent, entre 1802 et 1813 cinq enfants à Philadelphie en Pennsylvanie. Le cadre est ainsi posé, ces éléments donnent lieu à quelques échanges.

Par curiosité, par goût, par jeu, nous cherchons à en savoir un peu plus et à comprendre pourquoi ce couple se fixe à Philadelphie. Pour cela, nos recherches se portent sur Marie Anne Célestine ROBIN et nous emmènent à Saint-Domingue – Grande Rivière en 1785. Son acte de baptême daté du 17 mai 1785 nous apprend qu’elle est née le 16 avril 1781, elle reçoit donc le baptême à 4 ans et 1 mois ainsi qu’il est stipulé sur ce document. A noter que deux de ses frères sont baptisés le même jour.

Saint-Domingue, Grande-Rivière 1785 – Vue 15

Elle a pour père Pierre Joseph ROBIN, et pour mère Marguerite COUZAY ou CONZAY, tous deux habitants de Saint-Domingue (Haïti aujourd’hui) et tous deux signent l’acte de baptême de leur fille. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ?

Pierre Joseph ROBIN vient du Cher et plus précisément du Châtelet. Il y est né 2 août 1748 fils de François ROBIN notaire royal et greffier de la Prévôté du Châtelet et d’Anne ROUX. Il décède également dans cette commune le 20 août 1827 à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Entre-temps, il se marie en 1780 à Saint-Domingue (Tables décennales) et huit enfants naissent entre 1781 et 1801, pour partie à Saint-Domingue et pour partie au Châtelet.

Comme il est mentionné dans la plupart des actes d’état civil rédigés au Châtelet, Pierre Joseph ROBIN est un « ancien colon » de Saint-Domingue. Pourquoi, comment, avec qui est-il allé là-bas ? Dans l’immédiat, aucune réponse à ces questions. Nous savons qu’il revient en France probablement après 1791 (Soulèvement des esclaves (ICI)) . Il est mentionné dans les dossiers de liquidation des indemnités versées aux colons, sous condition d’un retour en France (Voir page Wikipédia). Deux volumes sur six sont numérisés et en ligne sur le site de Family Search.

Ministère des finances – Etat détaillée des liquidations opérées à l’époque du 1er janvier 1829 – Par la commission chargée de répartir l’indemnité attribuée aux anciens Colons de Saint-Domingue, en exécution de La loi du 30 avril 1826 et conformément aux dispositions de l’Ordonnance du 9 mai suivant – A Paris – De l’Imprimerie Royale 1829

La commune du Châtelet semble être le berceau des ancêtres de Pierre Joseph ROBIN, les registres d’état civil sont numérisés et relativement lisibles, nous n’avons donc pas de difficulté en terme de recherches.

Mais qu’en est-il pour Marguerite son épouse ? La plupart des arbres généalogiques en ligne, quel que soit le site, la nomme Marguerite COUZAY. Or, sur les actes de baptême de ses enfants à St Domingue, la signature est orthographiée CONZAY. Elle serait la fille de Isaac François COUZAY (ou CONZAY), mentionné comme grand-père maternel sur l’acte de baptême de François Joseph ROBIN et présent à Saint-Domingue en 1785, il serait possesseur d’une cafèterie (Plantation de café).  Sa mère serait Marguerite DENAY. Quatre filles sont issues de ce couple.

Toutes nos recherches sur ce couple demeurent infructueuses. Qu’elles portent sur le patronyme COUZAY et ses variables. Il en est de même pour le patronyme DENAY. Les archives numérisées de Grande-Rivière à Saint-Domingue ne nous apprennent rien. Nous devons envisager de parcourir les registres numérisés des autres communes de Saint-Domingue.

La base IREL des ANOM nous apprend l’existence d’un dénommé Pierre CONZAY, natif de Tours (37) sans qu’il soit possible de le relier à Isaac François COUZAY ou CONZAY.

Quelle région de France pourrait être le berceau des familles COUZAY ou CONZAY et de la famille DENAY ? Nous faisons un rapide sondage avec Bigenet, nous avons effectué ces recherches avec le patronymes COUZAY et ses variable : COUZAI – COUSAY – COUSAI – CONZAY – CONZAI – CONSAY – CONSAI en terminant par DENAY.

A titre d’exemple, la première recherche :

Nous avons récapitulé ces recherches ainsi :

Bien évidemment, nous prenons les conclusions de cette petite étude comme des tendances, des pistes. Elles conduisent à penser que le berceau de la famille COUZAY ou CONZAY pourrait se situer dans le Centre Ouest de la France, plus particulièrement dans  les Deux-Sèvres ou  le Val de Loire. Cela reste cependant une supposition qui demande confirmation.

Ces deux zones furent des foyers importants du protestantisme, et l’appartenance de la famille COUSAY ou CONZAY à la communauté protestante peut s’envisager pour plusieurs raisons :

La première : le prénom d’origine biblique d’Isaac François COUZAY ou CONZAY.

La seconde : Les recherches déjà effectuées sur certains descendants d’Isaac François COUZAY laissent supposer ou confirment pour certains des origines protestantes et des liens avec cette communauté. Il en est ainsi pour la famille BUJAC originaire de Castelmoron-sur-Lot (Lot et Garonne), un des foyers calvinistes de l’Agenais.

Arriverons-nous à percer les origines de Isaac François COUZAY (CONZAY) et Marguerite DENAY, et les raisons qui les conduisent à Saint-Domingue, car c’est finalement l’enjeu de cette adoption ! Il nous faut en savoir plus sur cette ancienne colonie et si notre piste est correcte, travailler sur la communauté protestante du Centre-Ouest de la France.

Cette adoption n’en est qu’à ses prémices, souhaitons qu’elle vous passionne autant que nous ! Nous ne manquerons pas d’y ajouter d’autres chapitres…    

Sources :

Je tiens à remercier « d’ors et d’arts » pour son travail minutieux et conséquent dans ce travail de recherche !

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