Marie-Louise Ledru
Marie-Louise LEDRU
Une pionnière du marathon
Le 13 avril 1895 naît à Paris, rue Sainte-Anne (1er arrondissement), Marie-Louise Belliard. Elle est la fille de François Belliard, originaire du Loir-et-Cher et employé comme garçon de café, et d’Isabelle de Montoya, concierge, née en Espagne. Elle se marie en 1914 avec Georges Ledru, figure de la marche Audax et président du Comité des Marcheurs Français. Ensemble, ils participent à de nombreuses épreuves de grand fond.
Le marathon de 1918 : une page d’histoire
En septembre 1918, Marie-Louise Ledru prend le départ du « Tour de Paris », le marathon organisé par le journal L’Auto. Il s’agit de la 10e édition de cette course populaire, mais aussi de la première à accueillir des femmes au départ. Elles sont trois ce jour-là : Mme Hutinot, Mme Carbonnier et Marie-Louise Ledru. Seule cette dernière franchira la ligne d’arrivée, en près de six heures.
Cette performance, réalisée dans un contexte d’apprès-guerre difficile, est remarquable. Sur 200 inscrits, seuls 78 prennent effectivement le départ, et peu d’entre eux parviennent au bout. La presse de l’époque souligne la faible qualité de cette édition, souvent en comparaison aux années d’avant-guerre, mais la présence et la performance d’une femme ne passent pas inaperçues. Marie-Louise portait ce jour-là le dossard n° 171.

Tour de Paris, 29 septembre 1918
[Agence Rol]
Gallica
Une habituée des longues distances
Si cette course est aujourd’hui retenue pour sa valeur symbolique, elle ne constitue pas un exploit isolé pour Marie-Louise Ledru. Spécialiste de la marche Audax, elle est une habituée des épreuves de grand fond. En 1917, elle participe à un parcours de 100 km (Paris, Melun, Brie-Comte-Robert, retour à Paris) dans un temps limite de 21h30, pauses comprises. En mai 1918, sous une forte chaleur, elle réalise un Paris-Rouen (131,6 km) en moins de 24h, se hissant parmi les rares marcheurs à obtenir le brevet Audax cette année-là. Le journaliste du Voltaire, un brin ironique, laissera ce commentaire « Et dire qu’il y a des Parisiennes qui se vantent bien haut lorsqu’elles ont été « à pied » chez leur couturière ! ».
En 1919, elle se distingue de nouveau lors de l’épreuve de marche Paris-Orléans, où elle se classe 8e sur 26 partants, avec une moyenne de 7,4 km/h sur le dernier segment.
Au vu de son profil, il est probable que sa participation au « Tour de Paris » ait été effectuée en marchant plutôt qu’en courant, selon la méthode de la marche rapide pratiquée dans le milieu Audax.
L’Auto, 30 septembre 1918
Gallica
Une enquête biographique
C’est grâce à une adresse retrouvée dans un article de presse de 1919 (37 rue du Banquier, Paris) qu’il a été possible de la retrouver dans les recensements de population de 1926, puis d’établir son état civil complet : née Belliard, mariée à Georges Ledru, mère d’une fille née en 1922 (décédée quelques mois plus tard), divorcée en 1947. En 1951, elle se remarie avec un certain Paul Dulac.
Ce nom apparaît dès les années 1920 dans les comptes rendus sportifs de marche : un Paul Dulac tente à plusieurs reprises de battre le record des 100 km à la marche, ce qui laisse penser qu’il pourrait s’agir du même homme.
Marie-Louise Ledru s’éteint au Brésil en 1991, à l’âge de 96 ans. Elle est enterrée au cimetière Esperanca à Brasila.
En guise de clin d’œil
Le 13 avril 2025, Marie-Louise Ledru aurait eu 130 ans. Cette date coïncide avec l’édition 2025 du Marathon de Paris. Ce sera, pour moi, l’occasion de courir mon premier marathon, avec une pensée toute particulière pour cette pionnière méconnue de la course et de la marche de fond au féminin.
Marie-Louise dans les archives
Naissance,
13 avril 1895,
Paris 1er arr,
Archives de Paris
Mariage avec Georges Ledru,
25 avril 1914,
Paris 5e,
Archives de Paris
Recensement 1926,
Paris, quartier Salpêtrière,
Archives de Paris
Sources
- Généalogie : Archives de Paris – Geneanet – Diario oficial do distrito federal
- Presse (en complément des articles cités ci-dessus) :